Michael Phelps : l’homme hors-bord

Cet amphibie collectionne plus de médailles qu’un général russe bombant le torse sur la place Rouge. Mais lui les a vraiment gagnées. A lui tout seul, il en rapporte plus qu’une équipe entière. Sur le dos, en brasse, en crawl ou en papillon, il maîtrise tous les styles. Sans pour cela être le plus beau nageur du monde, ainsi que l’aurait été dès 1972 son compatriote Spitz que Hollywood aurait dû recruter comme un autre Weissmuller, plus connu sous le nom de Tarzan. Michael est un être hybride qui pourrait s’inscrire dans un carré de 2 mètres sur 2. Ou presque, puisqu’il culmine à 1,93 mètre et qu’il atteint une envergure de 2,02 mètres.

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Ses copains d’école se moquaient de ses grandes oreilles et de ses petites jambes. Sarcasmes qui l’ont poussé à mettre très tôt une casquette en ville, un bonnet de bain dans la piscine, et à nager (beaucoup) plus vite qu’eux. Car l’hyper-médaillé défie les lois de la mécanique humaine. Ses articulations sont très laxes, ce qui lui procure une poussée plus efficace ; ses épaules et ses chevilles participent à sa motorisation. Il fait une longueur de bassin en quatorze brasses. Et sa coulée au départ atteint 15 mètres. Quand il émerge, propulsé par son moteur cuisses-jambes, son torse puissant plane sur l’eau en réduisant les frottements. Et ses bras jouent les roues à aubes. Plus proche du hors-bord que du nageur lambda. Et c’est ainsi qu’il a parcouru près de 30000 kilomètres en quatorze ans.

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Hors normes, ce fils de Neptune et d’une institutrice reste humain, heureusement. Parfois trop humain. Lassé de ces milliers d’heures entre deux eaux, entre deux plots, il a été pris par la patrouille entre deux whiskys. S’il va aussi vite en voiture que dans un bassin, il n’a plus les lignes d’eau pour se repérer : en 2014, la police l’a surpris en train de slalomer autour d’une ligne jaune à 135 km/h au lieu de 72. «Citius» (plus vite), dit en effet la devise olympique. Deuxième infraction en dix ans. Et le contrôle antidopage routier qui suit va révéler un taux d’alcool supérieur à 1,4 g/litre.

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Sa fédération a dû le suspendre pendant six mois, et il a fait des excuses publiques comme un sorcier du Moyen Age au pied du bûcher. Déjà, après Pékin, il avait été surpris en train de fumer des pétards. Péché de jeunesse, il n’avait que 23 ans. Compétition oblige, cet oenologue averti se tient également loin des bars. Mais peut-être plus pour très longtemps.

JO 2016 : Michael Phelps dans la légende

Celui qui fut le plus jeune nageur à battre un record du monde (16 ans tout juste) a juré qu’il prenait sa retraite… dorée. A31 ans, il peut profiter de ses économies puisque ses sponsors mettent 5 millions de dollars par an dans sa tirelire. Et il a désormais charge de famille. Nicole, une ex-Miss Californie, lui a donné un petit Boomer. Il n’empêchera pas ses fans de rêver. Ils espèrent qu’il a déjà pris en secret ses billets pour les JO de Tokyo. L’Asie lui réussit si bien… En 2012, après Londres, il avait juré: «Le compétiteur en moi est mort.» On a vu le résultat à Rio : 5 médailles d’or.

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