Voile – Nouveau record de Thomas Coville entre Brest et le Cap de Bonne

Un jour, 5 heures, 14 minutes et 50 secondes : telle est l’avance que possède Thomas Coville sur le précédent record du tour du monde en solitaire en passant le Cap de Bonne-Espérance. Record établi par Francis Joyon en 2007. Parti de l’île d’Ouessant, le 6 novembre à 14h49 (heure française), Coville aura mis 14 j 4 h et 43 min pour dévaler l’Atlantique et passer la longitude du Cap de Bonne-Espérance, dimanche à 19h33, réalisant ainsi un nouveau temps de référence. Le 12 novembre, Coville avait déjà établi un nouveau record entre Brest et l’équateur, en 5 j 17 h et 15 min. 

Le skipper de “Sodebo Ultim’” s’était emparé audacieusement de la première fenêtre météo favorable de la saison. Son départ de Brest a eu lieu en même temps que celui du Vendée Globe aux Sables d’Olonne. Le marin a mené son trimaran de 31 mètres de long et de 21,20 de large, à un train d’enfer multipliant les manœuvres les plus techniques et les plus physiques.

L’Océan indien est celui que je redoute le plus

“C’est la 12e ou la 13e fois que je passe le cap de Bonne-Espérance mais c’est la première fois que je vois autant de glaces au radar, a-t-il déclaré. Chaque fois que je viens là, il y a de plus en plus d’icebergs”. Thomas Coville vient de passer le Cap des Aiguilles situé plus à l’est de Bonne-Espérance. Ce Cap marque l’entrée dans l’Océan indien, « l’océan que je redoute le plus. C’est le truc le plus versatile, le plus lunatique que je connaisse, avoue Thomas Coville. A cet endroit, il y a des langues d’eaux froides qui remontent de l’Arctique. La rencontre avec les langues d’eaux chaudes créent des tourbillons et génèrent des chocs. On est vraiment brassé ».

C’est comme si j’avais grimpé 20 cols

Une fois passé l’anticyclone de Sainte-Hélène, Coville a en chaîné une vingtaine d’empannages (virements de bord vent arrière) dans un “couloir” entre cette zone de calme et la limite des glaces, où il y avait plus de vent mais aussi des risques de collisions. Chaque empannage est une manoeuvre délicate, « épuisante physiquement, a-t-il rappelé, demandant une vingtaine de minutes d’efforts intenses ». Durant ces dernières heures, « c’est comme si j’avais effectué une étape de Tour de France en enchaînant les sommets. C’est comme si j’avais grimpé 20 cols». Dimanche, a poursuivi Coville, “au moment de passer le 30e parallèle, le vent est monté à 35 noeuds, il y avait une mer démente avec le courant des Aiguilles. Je me suis fait prendre à la gorge, j’étais fatigué et j’ai roulé (réduit la voilure) pour ne pas chavirer. Je ne faisais pas le malin. Deux fois, le bateau s’est fait soulever l’arrière par une vague, il est parti à la verticale, en surf, et il a planté en bas. J’ai roulé et ralenti. J’étais agacé mais c’était la bonne solution. Il faut savoir doser.” 

A lire aussi : Vendée Globe – Paul Meilhat, la génération montante

Les conditions de navigations ne sont pas faciles. « J’ai actuellement des vagues de 5 à 7 mètres et entre 28 et 35 noeuds de vent. Il y a une énorme dépression dans le sud, qui génère des vagues de plus de 10 mètres. C’est très viril”. L’entretien a été brièvement interrompu par un spectaculaire “planté” du bateau dans une vague, heureusement sans conséquence. “Ca, c’est du live!”, a conclu Coville, dont le bateau enregistrait des pointes à 37 noeuds.

Le record du tour du monde en solitaire, sans escale et en multicoque, appartient depuis 2008 à Francis Joyon en 57 j 13 h et 34 min. Pour le battre, Thomas Coville devra être de retour à Brest avant le 3 janvier 2017 à 04h22 heure française. 

Toute reproduction interdite

You must be logged in to post a comment Login